La participation citoyenne, un projet de paysage

Les dialogues ancrés dans le paysage

Bertrand Folléa, paysagiste, a écrit L'archipel des métamorphoses. Comme il le dit lui-même, « cet ouvrage est sous-tendu par l’hypothèse que l’exigence portée par la question paysagère est étroitement liée à la transition dans laquelle doit s’engager l’humanité ».

Un paysage ne se réduit jamais au végétal. Il est dans le mur de pierre, l’allée de gravier. Il est dans l’eau, la lumière, le banc et le panneau, etc. Il est dans toutes les interrelations de ces éléments. Il est encore dans la relation à la rue, à la maison, au voisinage. Il est enfin dans la façon de le vivre, d’en sortir, de le parcourir, de l’entretenir. L’agriculteur comme celui qui agence son balcon, comme qui crée une piste cyclable, créent du paysage.

Un projet de paysage « comprend la vie et l’avis des habitants, leurs perceptions sensibles, leurs attachements, usages, appropriations et représentations ». Ainsi se crée de « l'élégance fière » pour reprendre une formule de l'auteur. Partant de là, Bertrand Folléa met en avant une forme de recherche-action ancrée dans le paysage avec les « lectures de paysage ». Elles sont un antidote à l’abstraction. Le paysage, pour le saisir, il faut l’éprouver individuellement et collectivement. Alors on sort des idéologisations.

Lors du café appelé Cinquième génération, sur la 5G, avec des élus de collectivités, nous avons proposé d'organiser des marches en ville pour expliquer où et pourquoi sont positionnées les infrastuctures du réseau mobile. Cette proposition a reçu un bel échos. Rien n'empêchera alors de créer un journal d'une marche qui sera relayé sur un espace du web de la localité pour porter la connaissance et l'expérience à tous les habitants.

Promenades urbaines et cartes interactives

Ici, nous nous appuyons sur la lecture d'un autre ouvrage qui s'appelle Paysage, art, métropole, ouvrage collectif écrit sous la responsabilité de Jacques Deval et qui porte sur le Grand Paris. Voici une invitation : « Venez placer vos lieux sur la carte Mon Grandparis et discuter les lieux placés par d'autres habitants... nos lieux de tous les jours, nos lieux de plaisir et nos lieux d'exception, nos lieux de projet et même nos lieux de déception. Ensemble, tissons l'étendue de la métropole et contribuons à forger une communauté de destin à travers le récit inédit d'un Grand Paris réuni, approprié par tous ses habitants. » (p. 118 de l'ouvrage cité) Venez si vous le souhaitez sur http://mongrandparis.fr, que vous soyez grandparisien ou non !

La carte est imaginée comme une sorte de « Placebook » et comme comme un réseau social territorial. Chaque espace peut devenir lieu de conversation. Cette création a fait partie d'un travail doctoral sur « Ce qui fait lieu », sous la direction de Thierry Paquot, sociologue-géographe. Pour découvrir d'autres espaces web imaginés par des étudiants, nous vous invitons à lire ce billet écrit sous la forme d'une promenade urbaine : J'arpente la région parisienne avec délice.

La ville des enfants et l'artialisation du paysage

Tel est le titre d'un autre livre écrit par Francesco Tonucci, spécialiste de l'enfance, psychologue, dessinateur. Il nous emène en Italie, dans la ville de Fano.

En 1991, la ville de Fano a ouvert un Laboratoire intitulé La ville des enfants. Elle a inséré son Laboratoire dans son organigramme. Des enfants commencent à participer à un conseil des enfants en CM1 ou CM2 et chaque année ce conseil est remplacé de la moitié de ses membres. Le conseil se réunit au Laboratoire. Il est conduit par le directeur scientifique. La tâche la plus ardue du Laboratoire est d'aider les adultes à comprendre les enfants. La première expérience d'autonomie a été "Nous allons tout seuls à l'école".

Le Conseil des enfants a été un canal privilégié entre la politique de la ville et les enfants : de jeunes enfants, tirés au sort, qui se réunissent périodiquement avec un adulte pour soumettre au maire le point de vue de l'enfance, comme le veut l'article 12 de la Convention des Nations unies. Les enfants sont concepteurs. Ils mettent en œuvre des idées d'abord en pâte à modeler et maquettes. La mise en œuvre doit être rapide, pendant que les enfants sont encore des enfants ! Un enfant se désintéresse des choses quand elles prennent trop de temps. Mais n'est-ce pas le cas de beaucoup de monde ?

Notons que le tirage au sort et le fait de faire tourner des personnes dans des instances sont deux éléments essentiels pour donner de vitalité à la participation citoyenne en général, éviter que ce ne soient toujours les mêmes qui viennent à toutes les réunions. Patrick Norymberg raconte également cela dans Des énergies citoyennes. Revenons à Fano. Fiorenzo Alfiéri, adjoint municipal, a expliqué qu'un congrès s'est tenu à Göteborg, au début des années 1990, sur le thème « Les arts et les activités humanistes comme agents de changement social des villes », explication donnée aux enfants lors d'une conférence. Dans notre période actuelle, relayer des éléments de ce congrès sur nos espaces web nous serait utile. Allons retrouver cette conférence !

 

Billet écrit par Rosario le 15 décembre 2020

La photo de la vignette de ce billet a été prise le jour tombant dans le 12ème arrondissement de Paris


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