Les tout-petits et les écrans

Nous considérons comme tout-petits dans ce billet des enfants qui ne savent pas encore lire. Ils en sont aux plaisirs des coloriages et des dessins et du malaxage des pâtes à modeler de toutes les couleurs. Mais ils passent aussi trop de temps devant les écrans. Dans cet article Temps d’écran chez les enfants et les adolescents | 10 jours sans écrans, nous pouvons lire que « dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran ». 

Un principe : pas d’écran avant 6 ans

La Société française de pédiatrie et d’autres sociétés savantes ont lancé un appel à la prévention des risques dus à l’exposition des enfants aux écrans, qui ne sont « pas adaptés à un cerveau en développement ». Dans un article paru dans le Journal Le Monde le 29 avril dernier, il est rappelé que c’est un principe écrit dans le carnet de santé des enfants. Il est écrit dans ce carnet 3 ans et les experts disent bien 6 ans dans un rapport remis à l’Elysée parce que les activités sur écrans « altèrent durablement leurs capacités intellectuelles ». « Ni la technologie de l’écran ni ses contenus, y compris ceux prétendument éducatifs, ne sont adaptés à un petit cerveau en développement », indique le texte, précisant que « un temps d’écran excessif a été associé à des impacts négatifs sur les compétences cognitives et sociales, affectant notamment l’attention, la mémoire et la régulation émotionnelle » ce qui a des impacts sur le développement du langage, de l’attention et des capacités socio-relationnelles. 

Il faut ajouter à cela que le temps passé sur des écrans accroit les risques de myopie. « L’œil de l’enfant, particulièrement jusqu’à 6 ans mais en réalité jusqu’à 14-15 ans, est très sensible à la lumière bleue émise par les écrans, avec un surrisque de myopie ». Notons que cette lumière bleue a aussi un effet négatif sur le sommeil du fait d’une perturbation de la sécrétion de mélatonine qui est l’hormone qui règle l’horloge biologique et favorise le sommeil.  

Et cela va sans dire, face à un écran, ce ne sont pas seulement les yeux qui ne bougent pas assez en ne regardant pas assez au loin, c’est le corps tout entier qui ne bouge pas assez.  

La réalité : un minimum d’écran 

Quand on organise une conversation en café numérique avec des parents de jeunes enfants sur le thème des usages numériques des jeunes enfants, bien entendu on parle de ce principe et on partage aussi des informations sur le temps effectif que les enfants passent devant les écrans. Le spécialiste Serge Tisseron nous dit : pas plus de 30 minutes à 3 ans, pas plus d’une heure à 6 ans (source : Serge Tisseron, psychiatre : « Le développement des crèches et des espaces petite enfance devient un axe prioritaire de la prévention du trop d’écrans » - Les pros de la petite enfance).  

Qu’est-ce qui est plaisant pour les parents dans le laps de temps de 30 à 60 minutes ? Voici quelques témoignages de parents : 

« Dernièrement j’ai acheté un livre de coloriage que l’on prend en photos et les dessins du livre s’animent via une appli à télécharger. Les coloriages de mes enfants prennent vie et se transforment en dessin animé. C’est topissime. » 

Quand une mère lit ceci à son enfant, voici sa réaction rapportée par elle : « Mon petit de 5 ans lui a surtout retenu l'idée de faire des photos de son cahier de dessins pour qu'il soit animé également (faut que je recherche cela car peu de précision à ce sujet :-) ). » 

« … une expérience du week-end : on a mangé, entre deux orages, avec un ami proche qui a un petit de 16 mois et il me racontait qu'il s'est aperçu récemment, au détour d'une "conversation" avec son fils, qu'il connaissait les lettres de l'alphabet, toutes ! Du coup, il s'est demandé : comment ? On ne lui a pas appris... Et cela ne venait pas de la nounou non plus apparemment. Et puis ils ont compris qu'il avait un petit bouquin/ordinateur dans leur parc à jouets, avec un ABC interactif, qui montrait les lettres et les lisait, avec un exemple de mot derrière. » 

« Enregistrer une chanson en vidéo pour mon anniversaire. » 

« Je vais être simple et prendre l'exemple de ma petite qui était hier en visio avec sa grand-mère, à courir à droite à gauche pour lui montrer cinquante mille choses. » 

« Mon fils joue au jeux vidéo de façon exceptionnelle, et il respecte le temps fixé sans broncher. C'est indispensable. » 

Les usages plaisants renvoient à des apprentissages singuliers que feraient les enfants, certainement survalorisés, à des activités ludiques et créatives, et à la participation aux échanges avec la famille et les amis distants.  

Quand des parents ont demandé à des tout-petits ce qu’ils aimeraient pouvoir faire, ils ont répondu ceci :   

« Être une princesse et monter sur le dos d'une licorne. » 

« Mon fils de trois ans, son futur idéal se résume à la possibilité de regarder ses dessins animés sans dépendre des décisions parentales » 

« Il aimerait avoir une mini télé dans sa chambre pour regarder des vidéos YouTube. Et pouvoir l'emmener partout, avec une petite télécommande. Pour faire "comme vous". » 

Dans le fond, les enfants sont dans l’onirisme et l’imitation des parents… parents… le message est clair !  

Le défi 10 jours sans ecrans | 10 jours pour voir autrement, lancé en 2003 au Québec et de plus en plus relayé en France est important. Il concerne autant des tous petits que des plus grands qui savent déjà bien lire comme nous le verrons dans le prochain billet !  


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