Vers un numérique responsable

Nous proposons dans ce billet une note de lecture du livre de Vincent Courboulay intitulé Vers un numérique responsable. Il a pour sous-titre "Repensons notre dépendance aux technologies digitales". Il est paru en 2021 chez Actes Sud. Ce qui est appelé "le numérique" regroupe les matériels et les infrastructures, les services et les contenus, ainsi que tous les terminaux pour accéder à la vie numérique. Dans ce qui suit, nous reprenons les titres de l'ouvrage.

"De l'autre côté de l'écran : bienvenue en hell dorado"

"ACV, trois lettres fondamentales pour comprendre où et comment se répartissent les impacts de tout produit ou service, numérique ou non", ACV pour analyse du cycle de vie. Pour fabriquer un smartphone par exemple, il faut quelque chose comme 70 matériaux, ce qui demande de l'énergie et de l'eau pour être extraits, et ce qui pollue. Puis il faut le fabriquer, le stocker et le distribuer... avant d'assurer son recyclage après tous ses bons et loyaux services.

Il y a la fabrication des terminaux, et puis il y a le réseau qui transporte les données (hertziens, terrestres, satellites, sous-marins) et les centres de données, dits aussi data centers, pour stocker et traiter l'information. La réalité industrielle du numérique comprend tout cela. Le numérique est gourmand en matériaux, en énergie, l'électricité surtout, et en eau.

"Actuellement, nous sommes 4,5 millards, avec des usages qui consomment de plus en plus de données." Les usages ne font qu'augmenter.

Alors la règle des 5R est une recommandation forte. 5R pour Refuser (refuser d'acheter un nouveau télépéhone si l'ancien fonctionne toujours par exemple), Réduire (se demander s'il est intéressant d'envoyer une photo de son repas par exemple), Réparer, Réutiliser, Recycler. 

"Reeeboot"

Ce titre est un jeu de mot conçu par Jean Christophe Chaussat, un mélange de to reeboot qui signifie redémarrer et de EEE pour "équipement électrique et électronique". C'est aussi le nom d'un programme piloté par l'Institut du numérique responsable.

Chaque français produit en moyenne 20 kg de DEEE, des déchets d'équipements électriques et électroniques. A noter que cette catégorie n'inclut pas seulement les équipements numériques. De fait, dans le monde, beaucoup finissent dans des décharges à ciel ouvert extrêmement polluantes.

Heureusement, des choses évoluent. Une loi relative à la lutte contre le gaspillage et l'économie circulaire a été votée en février 2020 en France. Elle ne concerne pas seulement le numérique mais elle le comprend. En particulier, pour ne citer que deux choses, elle demande que les fournisseurs d'accès à internet informent leurs clients des quantités de données qu'ils consomment, elle considère la réparabilité des produits comme une caractéristique essentielle des biens. La loi comprend 130 articles.

Notez que la réparation et la dépollution sont des sources d'emplois.

"E-sclavage moderne"

Ce chapitre porte sur les emplois liés au numérique dans différents endroits du monde, au Etats-Unis, en Inde, au Rwanda, en Estonie, etc. Il porte aussi sur "l'économie de plateformes" qui va de pair avec le terme "ubérisation", et sa réalité de l'emploi.

Il porte aussi sur les activités de "microtravail".

"L'argent ne fait pas l'e-bonheur"

Il est question des e-monnaies, ou cryptomonnies, dans ce chapitre. De l'énergie qu'elles demandent aussi.

Ces e-monnaies sont des alternatives aux monnaies officielles dans des pays où celles-ci sont défaillantes. Et dans des pays en voie de développement, elles permettent d'augmenter l'accessibilité du commerce en ligne.

Ce chapitre se termine sur le devenir de l'argent liquide aujourd'hui dans les transactions.

"Inconnu à cette adresse"

Deux questions sont posées dans ce chapitre.

Du fait que "le jugement des ordinateurs concernant la personnalité des gens sur la base de leurs empreintes numériques est plus précis et valable que celui fait par les proches ou connaissances", est-ce à d'autres de penser notre bonheur et nos besoins à notre place ?

Comment naviguer incognito ? Par la navigation privée ? Non ! Toute "infraction de contenu" peut-être "flashée" grâce à l'adresse IP. Par le darknet, "sorte de banlieue, vivante et grouillante de projets, les meilleurs comme les pires", alors ?

Il se termine par une citation du médécin et chercheur Jean-Claude Ameisen : "la vie privée ce n'est pas ce que l'on dissimule, c'est de l'espace non public, quelque chose dont nous avons besoin pour ensuite jouer notre rôle sur l'agora. Elle est aussi vitale socialement que le sommeil l'est biologiquement".

Cela se médite.

"Toutes les informations ne se valent pas"

Il est question là de biais informationnels, de fake news, de recommandations, de "rabbit hole" (traduction : terrier du lapin, en référence à Alice au pays des merveilles), occasion de comprendre les concepts de "bulle de filtres", de "chambre d'écho", de "backfire effect".

Un chapitre intéressant notamment pour comprendre les acteurs de la désinformation et quelques techniques utilisées.

"Entre rêve et r-ia-lité"

IA ou intelligence artificielle. On peut définir une IA comme "un algorithme évolutif dans sa structure, apprenant, au regard de sa rédaction initiale" (source : proposition de loi française datant de janvier 2020). Pour fabriquer de l'intelligence artificielle, il faut beaucoup de données et des "procédés d'apprentissage automatique" (marchine learning). Il en existe trois sortes : "supervisés", "non supervisés" et "par renforcement". A noter que l'on parle aussi "d'apprentissage profond" (deep learning) grâce à des "réseaux neuronaux".

L'intelligence artificielle s'incarne dans des chatbots par exemple, dans des pilotes de voitures sans conducteur aussi.

Il y a des "vices cachés" de l'IA : des personnes deviennent incapables de démêler ce que "font" les "réseaux neuronaux", il existe des "biais de simplification", racistes ou sexistes en particulier et puis, elle a un impact sur l'environnement. Certes, elle peut-être très utile pour l'environnement. Le tout est une histoire de balance et de calculs en connaissance de cause.

Il existe des chartes d'éthique comme la "déclaration de Montréal" avec ses 10 principes ou bien celle de la Commission Européenne. Nommons les 10 principes de la "déclaration de Montréal" : bien-être, respect de l'autonomie, protection de l'intimité et de la vie privée, solidarité, participation démocratique, équité, inclusion de la diversité, prudence, responsabilité, développement soutenable.

 

Un livre à la bibliographie précieuse, riche de conseils pratiques, qui se termine sous la forme d'un récit écrit à la première personne intitulé "Une journée numérique responsable".

Note de lecture rédigée par Rosario le 30 août 2022


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