Internet rend-il malin ou crétin ?

D'un côté, un internaute zappeur, butinant superficiellement des centaines de contenus... De l'autre, un homme moderne, capable de puiser à volonté dans l'infinie source de connaissance qu'est le Web. Lequel de ces deux portaits de l'homo internetus est le plus juste ?
 
Zapper n'est pas penser. C'est le constat dressé par quelques penseurs (1) concernant l'impact des nouvelles technologies sur notre façon de nous informer, d'apprendre, de réfléchir. En cause ? La nature même de la navigation sur le Web, de lien en lien. Elle empêcherait de se concentrer en profondeur sur un sujet. Et induirait une forme de savoir nouvelle, plus vaste qu'avant, mais plus superficielle.

Surf futile contre plongée utile ?

Pire, selon ces "Cassandre 2.0", ce sont nos comportements mêmes qui ont radicalement changé avec Internet. Sur-sollicités, nous deviendrions zappeurs, moins aptes à nous concentrer sur une lecture longue et attentive. Au lieu de plonger toujours plus profond dans la connaissance d'un sujet précis comme le permettent les livres, nous surfons au gré de ce que les alertes e-mails ou les contenus partagés sur Facebook nous enjoignent de consulter.

Un cerveau plus paresseux... ou plus efficace ?

Le constat ne fait pourtant pas l'unanimité. Dans un ouvrage paru récemment (2), le journaliste de Wired, Clive Thompson, arrivait même à la conclusion inverse : Internet rendrait plutôt plus intelligent. Pour illustrer ce point, Thompson revient sur la question de la mémoire. Nous nous sommes toujours reposés sur des sources extérieures (livres, post-it) pour stocker l'information, mais aussi sur nos proches. Retrouver une information sur le Web ne rendrait donc pas notre mémoire plus paresseuse !

La force du Net : il favorise l'échange

Untel se souvient toujours parfaitement du casting des films, tel autre garde en mémoire des anecdotes vécues il y a 10 ans. En facilitant la mise en relation et la discussion avec ses proches, Internet, et notamment les réseaux sociaux, enrichiraient notre mémoire et nos connaissances. Thompson reconnaît que le savoir livresque est mis à mal par les nouvelles technologies, mais que ces dernières permettent de développer d'autres modes de savoir tout aussi légitimes.


1 - Le plus médiatique d'entre eux, Nicholas Carr, y a consacré un ouvrage au titre évocateur : The Shallows: What the Internet Is Doing to Our Brains, éd. W. W. Norton, publié en français sous le titre Internet rend-il bête ? : Réapprendre à lire et à penser dans un monde fragmenté, éd. Robert Laffont.
2 - Smarter Than You Think: How Technology is Changing Our Minds for the Better, éd. Penguin.

Visuel : © Dmitriy Melnikov - Fotolia.com

Qu'en dites vous ?